REMÈDES DE GRAND-MÈRE

Le vin dans la médecine populaire

Fabienne Gallé - 14/10/2024

L'usage du vin dans la médecine populaire est une pratique ancienne, transmise au fil des siècles. Ce qui suit n'a absolument pas valeur de recommandation médicale, mais doit être pris à titre purement informatif.

Origines historiques

L'utilisation du vin à des fins médicinales remonte à l'Antiquité. Des écrits anciens, notamment dans la Grèce antique et l'Empire romain, mentionnent l'utilisation du vin dans diverses préparations supposées avoir des effets bénéfiques sur la santé. Dans ces civilisations, le vin était considéré non seulement comme une boisson de plaisir, mais aussi comme un remède pour apaiser les maux.

Au Moyen Âge, l'usage du vin dans les préparations médicinales s'est répandu en Europe. Les monastères, centres de savoir médical à l'époque, jouaient un rôle clé dans la préservation et la transmission de ces recettes. Des plantes médicinales étaient cultivées dans les jardins monastiques, et les moines associaient leurs vertus aux propriétés du vin pour créer des remèdes.

Ces pratiques traditionnelles ont perduré jusqu'au 19e siècle, époque où les remèdes faits maison à base de vin étaient courants, particulièrement dans les campagnes. L'évolution des pratiques médicales et l'apparition de la médecine moderne ont progressivement relégué ces préparations au rang de curiosités.

Exemples de préparations traditionnelles

Historiquement, plusieurs préparations à base de vin ont été documentées et transmises de génération en génération. Voici quelques exemples emblématiques :

  • Vin chaud aux épices : Mélange de vin rouge, cannelle, clou de girofle et miel, censé soulager les symptômes du rhume et de la grippe. Sa chaleur et ses épices étaient réputées pour leurs propriétés sudorifiques et antiseptiques. Le vin chaud aux épices a traversé les âges et reste populaire encore aujourd'hui, notamment pendant les fêtes d'hiver.

  • Vin de sauge : Infusion de feuilles de sauge dans du vin blanc, réputée pour ses propriétés digestives et anti-inflammatoires. La sauge était particulièrement recommandée pour les troubles féminins, comme les douleurs menstruelles ou les symptômes liés à la ménopause.

  • Vin d'absinthe : Macération d'absinthe dans du vin blanc, utilisée pour stimuler l'appétit et faciliter la digestion. L'absinthe, bien que controversée en raison de sa toxicité à haute dose, était autrefois reconnue comme un vermifuge efficace.

  • Vin de romarin : Préparation à base de vin rouge et de romarin, supposée tonifier l'organisme et améliorer la circulation sanguine. Le romarin était aussi vanté pour ses effets sur la mémoire et la concentration.

  • Vin de camomille : Infusion de fleurs de camomille dans du vin blanc, utilisée pour ses propriétés calmantes et son action sur les troubles digestifs. La camomille est encore aujourd'hui reconnue pour ses effets apaisants, et ce remède fait écho à son utilisation actuelle sous forme de tisane.

La Quintonine : un fortifiant emblématique du XXe siècle

Plus récente que les remèdes traditionnels, la Quintonine est devenue un véritable phénomène culturel au début du XXe siècle. Créée à Châteauroux par le pharmacien Eugène Cayron et perfectionnée par Victor Hélin en 1910, cette préparation à base de plantes était diluée dans du vin rouge pour créer un fortifiant apprécié.

La Quintonine contenait un mélange de teintures aux propriétés variées :

  • Quinquina : fébrifuge et antispasmodique

  • Kola : anti-fatigue et stimulant de la vigilance

  • Cannelle : stimulante et antibactérienne

  • Orange amère : anxiolytique et stimulant de l'appétit

  • Quassia de la Jamaïque : tonique et stomachique

  • Gentiane : stimulant de l'appétit

Sa popularité était telle qu'elle devint même partenaire de la caravane du Tour de France, avant de disparaître du marché en 2011. La Quintonine illustre bien la transition vers une approche plus commerciale et industrielle des remèdes à base de vin, tout en marquant une époque où ces fortifiants étaient couramment consommés pour lutter contre la fatigue ou les maladies.

L'intérêt culturel et actuel de ces remèdes

Bien que l'efficacité de ces remèdes ne soit pas scientifiquement prouvée, ils font aujourd'hui partie du patrimoine culturel. Dans un contexte moderne, on observe un retour de l'intérêt pour les médecines douces et les remèdes naturels, avec un mouvement vers la redécouverte de pratiques ancestrales. Certains de ces "remèdes", comme le vin chaud, sont toujours consommés à des fins de bien-être, souvent pour le confort qu’ils procurent plutôt que pour leurs vertus médicinales.

Par ailleurs, certains producteurs de vin et d'herbes médicinales s'attachent à relancer ces traditions, en proposant des vins infusés ou fortifiés aux plantes, adaptés aux goûts contemporains comme le fameux vin d’Hippocras (sujet d’un précédent article disponible ici).

Les remèdes à base de vin, des plus anciens aux plus récents comme la Quintonine, font partie de notre histoire. Ils montrent comment nos ancêtres cherchaient à se soigner avec ce qu'ils avaient sous la main. Même si on ne les utilise plus vraiment pour se soigner aujourd'hui, ces recettes restent intéressantes pour comprendre ces traditions. Ces vieux remèdes, qu'on ne prend plus au sérieux maintenant, gardent une place spéciale dans nos souvenirs et notre culture.

Dans son guide audacieux "Soignez-vous par le vin", publié en 1974, le Dr Maury nous propose une approche originale de la santé. Contrairement aux autres remèdes de grand-mère qui mêlent plantes et vins, il se concentre uniquement sur les vertus intrinsèques du vin qu'il nous présente comme un remède universel. Selon lui, ce "jus de la treille" n'est pas qu'une simple boisson alcoolisée, mais un élixir de santé qui pourrait résoudre bien des problèmes. Il va même jusqu'à dire que les discours anti-vin nous détournent des vrais dangers : l'excès d'eau et de jus de fruits ! Et si l'on buvait plus de vin, l'alcoolisme ne serait qu'un lointain souvenir. Bien sûr, ces idées décalées sont à prendre avec humour. À déguster avec modération !.

L'alcool est à consommer avec modération.