VINIFICATION EN AMPHORES

Un retour aux sources innovant

Fabienne Gallé - 26/10/2024

Dans une quête d'authenticité et d’innovation, de nombreux vignerons se tournent vers les amphores en terre cuite pour élever leurs vins. Cette méthode ancienne, utilisée dans l'Antiquité, revient au goût du jour avec environ 5 % des domaines viticoles français qui testeraient cette technique aujourd’hui.

Pourquoi revenir aux amphores ?

Les amphores permettent une micro-oxygénation lente grâce à leur porosité naturelle, aidant le vin à maturer sans altérer ses arômes d'origine. Ce processus, qui diffuse environ 2-5 mg d’oxygène par litre et par an, est étudié pour sa capacité à produire des vins plus fins et équilibrés, sans les notes boisées du chêne.

Une alternative écologique ?

Selon l’INRAE, les amphores généreraient potentiellement 30 % de moins d’émissions de CO₂ que les barriques en chêne, en partie grâce à leur longévité (jusqu'à 20 ans). Cela pourrait en faire une option durable pour les domaines viticoles engagés.

Influence sur le goût

Des études (IFV, 2023) indiquent que les vins élevés en amphores révèlent une plus grande pureté du fruit, une texture soyeuse et une minéralité renforcée. Ce type de vinification est particulièrement apprécié des vignerons bio et en biodynamie, cherchant à limiter les interventions pour préserver l’authenticité du terroir.

Défis techniques et financiers

L’adoption des amphores présente cependant des défis : leur coût élevé (500 à 2000€) et leur fragilité les rendent plus difficiles à manipuler et à entretenir. Leur standardisation étant encore limitée, il peut aussi être complexe de reproduire des résultats constants d’un millésime à l’autre.

Vers une nouvelle ère de vinification ?

L’intégration de technologies, comme des capteurs de suivi de l’oxygénation, pourrait ouvrir la voie à un contrôle plus fin de la vinification en amphore. Avec l’intérêt croissant des vignobles pour ces méthodes, jusqu’à 15 % des domaines pourraient envisager cette technique d’ici 2030, notamment en viticulture biologique et biodynamique.

Amphores modernes vs amphores antiques : un même outil, des évolutions notables

Les amphores modernes et antiques partagent une fonction de base : la conservation et l’élevage du vin en laissant une micro-oxygénation se produire grâce à la porosité de la terre cuite. Toutefois, leur fabrication, leur structure et leur usage ont beaucoup évolué. Les amphores antiques, fabriquées en terre cuite épaisse et parfois peu uniformes, servaient avant tout au transport et au stockage. Elles étaient souvent scellées avec de la cire et des résines naturelles pour éviter les fuites et protéger le contenu des agents extérieurs. Ce matériau conférait au vin une oxygénation minimale, mais les conditions de stockage pouvaient influencer la qualité du vin de manière imprévisible. Aujourd’hui, les amphores modernes sont conçues avec des techniques de fabrication précises qui garantissent une porosité contrôlée. Elles sont fabriquées à partir d’argiles sélectionnées pour leur pureté, permettant une oxygénation maîtrisée qui respecte davantage les arômes naturels du vin sans ajouter d’arrière-goût minéral indésirable. Certaines amphores contemporaines peuvent être équipées de capteurs qui mesurent des données clés comme le niveau d’oxygénation, facilitant un suivi précis de la maturation. Ainsi, si les amphores antiques étaient des contenants fonctionnels, les amphores modernes sont devenues des outils sophistiqués, adaptés aux besoins et aux attentes des vignerons actuels, alliant tradition et technologie pour créer des vins d’une grande finesse.

Benoît Montel est un pionnier en matière d’expérimentation dans la vinification, explorant des méthodes d’élevage originales, notamment en amphores sans ajout de sulfites, pour révéler la pureté du fruit et le caractère unique du terroir auvergnat. Depuis son retour en Auvergne après un apprentissage en Bourgogne, il n’a cessé d’innover, testant des cuvées élevées dans des lacs volcaniques ou immergées dans la Méditerranée, ajoutant ainsi une dimension inédite à ses créations.

Montel, qui cultive sept hectares sur les appellations Chanturgue, Châteaugay et Madargue, travaille un terroir volcanique exceptionnel en France. Engagé dans une viticulture sans herbicides chimiques et récemment certifié en bio, il s’intéresse à des cépages peu communs en Auvergne, comme le gamaret, le viognier ou la syrah. Sa quête constante de nouvelles méthodes et de micro-cuvées l’amène à explorer des vins d’une grande authenticité, marqués par la diversité des techniques d’élevage qu’il applique pour révéler la richesse de son terroir.

Le Sang des Volcans – Un vin signé Benoît Montel, hommage à l'Auvergne volcanique

Ce 100 % petite syrah est issu d’un terroir argilo-calcaire qui lui confère une belle minéralité. Vinifié sans soufre, il profite d’une macération pré-fermentaire à froid et d’une fermentation avec des levures indigènes. Après un élevage de 9 mois en barriques de chêne et en amphores de terre cuite, l’assemblage final révèle un vin soyeux, aux arômes intenses de fruits noirs et aux tanins fins. Parfait pour accompagner une côte de bœuf, ce vin se dégustera idéalement à 16°C et pourra être apprécié pendant les 6 prochaines années.